LETTRE D’UN CITOYEN EXCEDE
Fils d’un immigré italien, issu d’un milieu d’une extrême pauvreté, je suis, depuis toujours, un homme de gauche. Je sais ce qu’est une vie difficile, j’ai été élevé dans un « quartier » (qu’on appelait alors les « cités ») je sais même ce que c’est que de ne pas pouvoir manger à sa faim (les aides d’aujourd’hui n’existaient pas dans les années 60)…Journaliste, j’ai été à l’issue de mes études, en 1978, l’un des membres fondateurs du Matin de Paris, ce quotidien de gauche lancé alors par Claude Perdriel afin de permettre, enfin, à la gauche française d’accéder au pouvoir. Un journal qui contribua grandement à la victoire de François Mitterrand en 1981.Tout au long de ma vie, et de ma carrière, je n’ai jamais renié mes convictions. Ainsi je suis aujourd’hui l’un des dirigeants du Nouvel Observateur, l’hebdomadaire de référence de la gauche française. Dans mes écrits, livres et articles, j’ai défendu, je défends sans relâche les faibles et les opprimés. C’est dire que personne ne peut m’accuser, selon les invectives d’usage, aveugles et imbéciles, d’incarner l’affreuse droite extrême, ni cet UMP honni, pas davantage les réactionnaires de tout poil. J’habite à Morsang depuis 34 ans. Et j’ai décidé, cette année, d’apporter mon soutien à Marianne Duranton. Pour plusieurs raisons :- D’abord une raison subjective : je trouve insupportables les méthodes employées contre elle, la violence, pour ne pas dire la haine imprégnant les textes de Marjolaine Rauze, les tracts courageusement anonymes et nauséabonds des soi-disant « Veilleurs Citoyens », qui rappellent des méthodes qui ont fait honte jadis à ce pays… Je pense aussi qu’après 70 ans de gestion communiste ininterrompue - dont vingt ans sous la direction de Marjolaine Rauze - il est grand temps, il serait sain de pratiquer, enfin, l’alternance. Au moins une fois ! De fournir un peu d’oxygène à cette ville terriblement sclérosée. Bref, d’apporter un peu de sang neuf, un autre regard, une ambition nouvelle à Morsang. Il faut dire qu’au long de ces années j’ai assisté à l’incroyable dégradation de cette petite ville qui avait beaucoup d’atouts et qui les a perdus un à un.Je dois dire aussi que je supporte de plus en plus mal la perpétuelle agressivité et l’arrogance de Mme Rauze qui se gargarise du terme pompeux de « participation citoyenne » » et qui, au bout du compte, n’applique jamais rien d’autre que les décisions qu’elle avait arrêtées au préalable, qui méprise ouvertement son opposition et, surtout, qui semble s’ingénier à dresser constamment les quartiers, les communautés, les catégories sociales, les individus les uns contre les autres. Ce n’est pas là, je pense, la vocation d’une élue dont la fonction première devrait être, au contraire, de rassembler, et d’apaiser. Marianne Duranton a choisi de ne pas répliquer à ces bassesses, et de ne pas s’engager sur ce terrain de l’insulte. Elle ne veut parler que de Morsang, et de rien d’autre. De la vie à Morsang. De la vie de Morsang. Non, elle n’est pas le Diable, elle n’est pas l’incarnation de la droite dure dénoncée par certains. C’est au contraire une femme de cœur soucieuse avant tout d’action sociale, une femme courageuse, mesurée, chaleureuse, et une élue compétente et passionnée. Longtemps première adjointe chargée des questions d’éducation à Villemoisson (où elle était très aimée), elle a en outre travaillé au côté de Martin Hirsch à la création du RSA, et reste très préoccupée de justice et de solidarité. Non, elle n’est pas une affreuse créature du FN, elle n’est pas le bras armé de l’UMP, ni même de l’UDI dont elle porte pourtant les couleurs. Elle n’est qu’elle-même : une femme ouverte et généreuse qui veut faire de Morsang une ville vivante, solidaire, et apaisée.Contrairement aux courageux « Veilleurs Citoyens » je signe ce texte. Seul. De nombreux amis morsaintois désiraient s’y associer, je ne l’ai pas souhaité.
Richard Cannavo